Maroc et sacs à dos

(8 et 9 octobre 2000)

Après avoir laissé le bateau à la marina (enclave espagnole), on a pris un bus pour la frontière marocaine. Notre intention était d'aller à Tétouan (40kms) puis à Chefchaouen (+ 60 kms) un village de montagne que des amis anglais nous ont indiqué.

A peine descendus, un marocain nous aborde, nous propose le papier à remplir pour passer la douane et nous indique le guichet n°4 attribué aux étrangers. Cela est sensé nous faire gagner du temps moyennant quelques pesetas. On lui pose des questions, on lui donne 100 pts, il en voudrait 500, on ne cède pas. Tout dans l'atmosphère nous semble insolite. En haut des collines qui bordent la route courent des gens poursuivis et repoussés par des douaniers ceinturons ou matraquesà la main. Il y a un trafic incroyable de tissus, matériel audiovisuel, montres etc.

On passe la douane sans problème, on change nos pesetas en dirhams et on commence à faire du stop. On est pris par un marocain avec son petit garçon, très sympa. Dans la voiture on se rend compte qu'il faut ôter deux heures à nos montres ( le Maroc vit à l'heure de Greenwitch). Il nous dépose à un arrêt de bus pour Tétouan.

Le bus est vieux mais l'ambiance est chaleureuse. Le gars qui vend les tickets en cour de route (3 dirhams/pers) à une manière amusante de caler les billets entre ses doigts. A l'aller comme au retour on a apprécié la bonne humeur du personnel des "bus de Tétouan".

Un passager parlant Français nous glisse dans la conversation qu'il faut faire attention aux guides. ??

A l'arrivée (cf. photos) on rentre dans un bar. Tous les regards se tournent vers Muriel, il n'y a que des hommes. De plus les touristes ne sont pas nombreux à cette époque. Le café fait hôtel, on prend une chambre (50 frs la nuit). On y dépose les sacs et on par à l'assaut de la ville.

C'est une belle ville avec des places et des monuments, mais nous on cherche les souks dont on nous a parlé. Enfin on les aperçoit, la rue commence par une sorte de porte en pierres : c'est l'entrée de la médina (vielle ville). Alors là on se régale de toutes les boutiques hétéroclites.

Un marocain nous aborde, nous souhaite la bienvenue au Maroc, nous dit qu'il à un frère en France et nous propose de nous faire visiter la vielle ville. On lui demande s'il est guide professionnel, il nous affirme que non, il fait ça par plaisir et pour pratiquer le français. On le suit. Il y a plein d'artisans berbères qui travaillent les teintures de tissus, le cuir, le tissage etc. C'est animé, coloré, intéressant, on est sous le charme. Il n'y a rien à vendre, ce sont des ateliers. La médina est un vrai gruyère de petites rues enchevêtrées. Il est impossible de retrouver son chemin. Ca monte et tourne, c'est de plus en plus étroit pour arriver la maison du sommet. De la terrasse on jouit d'une vue digne des mille et une nuits. On est présenté à un vieux berbère qui nous emmène dans sa caverne d'Ali Baba et nous offre le thé à la menthe. Puis il nous montre ses tapis, ses djellabas, ses chapeaux de cuir, etc. le tout accompagné d'explications sur la fabrication de ses objets, tous d'une grande qualité. Cet homme fait preuve d'une grande gentillesse. Il ne cache pas sont désir de vendre et engage le traditionnel marchandage. On se sent soudain gêné, on n'est pas venu pour ça. On le lui dit, il semble surpris. Notre soit disant "non-guide" a disparu. Lorsqu'on prend congé, notre hôte nous ramène à lui. Gentiment mais fermement on demande à sortir du "labyrinthe". Une fois là, il nous demande de l'argent, disant qu'on doit le payer parce qu'on n' a rien acheté. On se fâche, il nous est difficile de nous en débarrasser. On est contrarié par le manque de franchise du gars. Puisqu'on ne peut pas visiter la médina seul, il faut prendre un vrai guide et discuter le prix avant la visite. Dès qu'on se retrouve seuls, on est abordé par d'autres guides. Ils ont un rôle de rabatteurs pour les hôtels et les restaurants.

Le lendemain on prend le car pour Chefchaouen. Le paysage est grandiose. Il y a des montagnes à perte de vue, c'est aride et lunaire (cf. photos). Dans les vallées, quelques cultures sont parcourues par des hommes montant des ânes très maigres. La route se termine par une piste. Le car nous dépose à l'entrée de Chefchaouen (cf. photos). Il faut monter une forte côte pour atteindre le centre ville. On est récompensé par la découverte d'un marché extraordinaire (cf. photo). Les couleurs, les odeurs et les bruits comblent nos sens et imprègnent nos mémoires. On achète de quoi pique-niquer et on va boire le thé à la menthe dans un café maure. Ensuite on monte à la vielle ville (cf. photo). Des artisans travaillent sur le pas de leur porte : la marqueterie, le cuivre, les perles…

Après avoir bien profité du soleil des rues et de la montagne tout autour, on redescend à la recherche des cars. On n'est pas d'accord sur le prix du ticket, qui n'est pas le même qu'à l'aller, alors on décide de rentrer en stop. On marche longtemps, cela nous fait du bien, c'est beau, on respire. Il n'y a pas beaucoup de voitures car c'est dimanche, quelques étrangers qui ne s'arrêtent pas. On est bien content d'avoir emporté de l'eau, car ça tape là-haut ! Les gens qu'on croise à pied nous saluent chaleureusement et nous souhaitent :"bon courage !"

Enfin, une vielle R5 s'arrête et son propriétaire nous embarque. Il est très fraternel et fait des efforts incroyables pour communiquer avec nous. Quelques mots de français et le reste en espagnol. Il nous raconte son pays : " dans les montagnes, il y a beaucoup de "aloufs" et des renards mais pas de lions. (pour les lions il doit y avoir un problème linguistique) . Au Maroc il y a du pétrole. L'ancien roi ne voulait pas forer mais le nouveau a donné l'autorisation… " Il nous emmène jusqu'à Tétouan où nous reprenons le bus pour la frontière qui nous dépose 3 kms avant le poste de douane. Là, on bat notre record de vitesse à pied pour attraper le dernier bus pour Ceuta.

Fin de notre incursion dans les terres Marocaines. Cette petite promenade a été riche en expériences. C'était notre première visite d'un pays d'Afrique du Nord. Du début à la fin notre porte monnaie à été sollicité pour toutes les raisons et prétextes possible. Selon nous, la bonne adaptation consisterait à jouer le jeu dans une certaine mesure.

Les prix sont tellement bas pour nous qu'il faut savoir donner les "pourboires" demandés pour toute aide ou information. Les taxis sont très entreprenants. Il faut savoir être ferme et ne pas oublier que tout se marchande.

Plus que cette différence de culture sans grande importance, resteront inscrits dans nos cœurs certains sourires et regards et la gentillesse des marocains ainsi que la beauté des paysages de leur pays.

Muriel et Stéphane

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